Photographie 1- Carte blanche Fermé pour travaux ©Marguerite Bornhauser pour la Rmn-Grand Palais

Carte blanche Fermé pour travaux ©Marguerite Bornhauser pour la Rmn-Grand Palais

La Fondation Louis Roederer soutient la carte blanche donnée à la photographe Marguerite Bornhauser

31/07/2024 – Paris

Depuis 2013, la Fondation Louis Roederer accompagne le Grand Palais. Le Grand Palais ferme ses portes en mars 2021 pour d’importants travaux de restauration jusqu’en 2024. Grâce au soutien de la Fondation, l’artiste Marguerite Bornhauser est invitée pour une carte blanche photographique. A travers le regard décalé et audacieux qu’elle pose sur ce monument extraordinaire, elle raconte une histoire toute singulière de ce chantier titanesque.

Rencontre avec Marguerite Bornhauser

Portrait Marguerite Bornhauser ©Marguerite Bornhauser - Rmn-Grand Palais

© Marguerite Bornhauser – Rmn-Grand Palais

Vous avez bénéficié du soutien de la Fondation Louis Roederer pour la carte blanche Grand Palais afin de photographier sur trois années ses travaux.

Oui, cela m’a permis de développer le projet avec plus d’ambition et de pouvoir travailler en argentique et en laboratoire photographique tout le long des trois – voire bientôt quatre années ! – qu’ont duré les travaux du chantier du Grand Palais. Ce soutien m’a permis de pousser plus loin le travail et d’avoir la possibilité d’explorer différentes pistes.

Qu’est-ce qui vous a immédiatement enthousiasmée dans ce projet de la carte blanche Grand Palais ? 

Il est rare de bénéficier d’une carte blanche totale sur un projet d’une telle envergure. Ce qui m’a enthousiasmée, c’est évidemment le lieu en lui-même qui recèle tant de secrets d’histoires, de recoins inexplorés autant que de monumentalité : l’idée de pouvoir accéder et observer avec attention l’évolution du Grand Palais dans ses détails, de l’explorer de long en large et d’en apprécier ses splendeurs, autant que ces coins délaissés – d’y découvrir ses couches et strates qui racontent la petite et la grande Histoire.

Celui aussi de rencontrer ceux qui font le chantier, ceux qui posent les pierres à l’édifice dans les sous-sols ou suspendus à des cordes au-dessus du vide pour restaurer les verrières. D’autre part, le sujet du chantier en lui-même est un terreau fertile à la créativité et un gage de renouvellement perpétuel, de transformation, qui permet un travail sur le temps long sans répétition ni redite. Ce chantier m’a tellement inspirée que j’ai proposé trois séries différentes plutôt qu’une. Deux séries photographiques et une autre en vidéo.

La première série est une exploration purement photographique du chantier : on y ressent la déambulation et le temps qui passe, les changements de saisons autant que d’années et de couches de temps – les points de vue sont soit larges soit concentrés sur des détails et matières. Je porte une attention toute particulière aux détails et aux à-côtés, j’aime à mettre en avant le banal, le trivial, et sublimer les objets du chantier qu’on aurait tendance à laisser de côté. Il y a une forme de poésie et parfois d’humour dans les scènes. Certaines images sont, elles, dramatiques, intensifiées par la luminosité des néons qui éclairent le chantier dans les dédales des sous-sols. J’ai souhaité les présenter en diptyques, les images sont associées les unes aux autres dans un souci de constructions graphiques et colorées qui ajoutent un aspect pictural au projet.

La seconde série paraît beaucoup plus abstraite de prime abord, pourtant elle part d’objets concrets récoltés sur le chantier. Lors de mes déambulations, je récolte des objets trouvés au sol ou cachés ci et là : boulons, cadenas, objets indéfinis, pancartes, papiers – des reliques d’un chantier en pleine évolution que je conserve et trie par dates et lieux de découverte. J’isole ensuite certains des objets trouvés pour réaliser des photogrammes qui, de par leurs variations de couleurs et de lumières, transportent l’objet trouvé sur le chantier dans une toute autre dimension. Le photogramme est une image photographique obtenue en laboratoire argentique sans utiliser d’appareil photographique, en plaçant des objets sur une surface photosensible (papier photo ou film) et en l’exposant ensuite directement à la lumière. J’ai décidé de travailler le photogramme en couleur, ce qui est moins habituel (généralement ils sont en noir et blanc) en effectuant des variations chromatiques sur chaque objet et en expérimentant diverses techniques d’ajouts de couleur grâce à des filtres ou autres essais plastiques. Les images sont donc des œuvres uniques puisque faites en laboratoire photographique et transportent les objets dans un univers multicolore et abstrait, graphique et énigmatique.

Comment en tant que photographe plasticienne on trouve sa liberté sur une Carte Blanche qui est aussi la documentation de l’évolution d’un monument historique ?

C’est effectivement tout l’enjeu, la difficulté mais aussi la beauté de ce projet.
Le Grand Palais avait déjà fait appel à un photographe, Patrick Tourneboeuf, pour documenter l’évolution du chantier avec rigueur. J’ai donc été appelée pour proposer un projet artistique et non documentaire sur le chantier : j’ai donc eu la chance d’être libre de cette contrainte. Pourtant, j’avais à cœur de garder comme sujet principal la documentation sensible, décalée de l’évolution du monument, c’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’archiver ces petits bouts de chantier, les rebuts, ceux qui d’habitude ne font pas histoire. C’est une autre forme de documentation. Au lieu de garder trace de ce qui est prestigieux, monumental, j’ai souhaité garder la trace des petites choses qui font le quotidien d’un chantier, de ce qui est plus trivial, proche de nous et qui est tout aussi important que le grandiose à mes yeux. La poésie du quotidien.

Trois ans, cela permet de s’attacher à un lieu et aux êtres qui apparaissent en creux. La capture photographique pour vous c’est l’appropriation d’un lieu et d’un temps ou au contraire le prolongement en dehors soi, le partage ?

Je crois que la photographie est souvent en balance entre ces deux aspects mais je dirais que cette balance penche beaucoup plus du côté de l’extérieur de soi : le plaisir du partage, de la découverte, de l’émerveillement, de l’apprentissage. La photographie est un outil qui me permet d’exprimer un point de vue, un discours, parfois de créer des fictions à partir de ce qui m’entoure mais c’est aussi et surtout un prétexte pour aller vers les autres, vers d’autres mondes auxquels je n’aurais jamais eu accès sans ça. Je travaille à la manière d’une journaliste, je pose des questions, j’apprends, j’aime sortir de ma zone de confort, de mon cercle social et de ma ville, voire de mon pays parfois. C’est toujours au contact des autres que viennent les idées – et même si le travail d’artiste comporte une grande part de travail en solitaire dans l’atelier, le labo, ce travail n’existe pas sans ce partage.

Portrait Marguerite Bornhauser ©Marguerite Bornhauser - Rmn-Grand Palais

© Marguerite Bornhauser – Rmn-Grand Palais

Photogrammes – Carte blanche Fermé pour travaux ©Marguerite Bornhauser pour la Rmn-Grand Palais

Carte blanche Fermé pour travaux ©Marguerite Bornhauser pour la Rmn-Grand Palais

Carte blanche Fermé pour travaux ©Marguerite Bornhauser pour la Rmn-Grand Palais

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Photogrammes – Carte blanche Fermé pour travaux ©Marguerite Bornhauser pour la Rmn-Grand Palais 1

Photogrammes – Carte blanche Fermé pour travaux ©Marguerite Bornhauser pour la Rmn-Grand Palais

Carte blanche Fermé pour travaux ©Marguerite Bornhauser pour la Rmn-Grand Palais

Carte blanche Fermé pour travaux ©Marguerite Bornhauser pour la Rmn-Grand Palais

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Carte blanche Fermé pour travaux ©Marguerite Bornhauser pour la Rmn-Grand Palais

Carte blanche Fermé pour travaux ©Marguerite Bornhauser pour la Rmn-Grand Palais

Carte blanche Fermé pour travaux ©Marguerite Bornhauser pour la Rmn-Grand Palais

Photogrammes – Carte blanche Fermé pour travaux ©Marguerite Bornhauser pour la Rmn-Grand Palais 1

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Verrière du Grand Palais © Maxime Chermat

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La Fondation Louis Roederer est partenaire du Grand Palais, véritable point de convergence pour tous les amateurs de culture, offrant un espace où le passé rencontre le présent.

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