Objet :
En 2023, j’ai été contacté par une organisation d’expertise juridique pour documenter les répercussions de la pêche internationale sur la communauté des pêcheurs du Sénégal. La pêche artisanale est confrontée à la rivalité écrasante de la pêche industrielle, à la surexploitation des ressources et à la dégradation de l’environnement.
Pour la 36th Biennal De São Paulo, j’aimerais renouveler ce processus de travail, étendre les perspectives de l’autre côté de l’Atlantique afin de questionner les luttes communes qui peuvent exister entre les réalités sénégalaises et Brésiliennes, africaines et sud-américaines. En regardant des problématiques contemporaines qui mettent en jeu tant des urgences environnementales que culturelles, c’est aussi une manière de convoquer des récits et des formes sur les liens historiques qui existent entre l’Afrique, les Caraïbes et les Amériques. L’objectif serait de mélanger le langage visuel qui habite le littoral sénégalais et brésiliens, et proposer un récit croisé, pour révéler les luttes communes.
L’élément central de ma recherche passera naturellement par l’océan Atlantique qui relie le Sénégal et le Brésil…
Les oeuvres présentées :
. Installation bois et multimédia (le ponton)
En collaboration avec Boris Raux, l’un des membres de The School of Mutants, nous souhaitons concevoir un ponton à partir de fragments de bois des pirogues récupérées sur le littoral. Espace ouvert aux visiteurs comme une passerelle invitant à la contemplation, le ponton serait parsemé d’objets, bidons d’essence, cordage, ou autres objets trouvés, disposés comme un bataillon, et retravaillés à la main.
. Image en mouvements
Au sein de cette installation, seront présentées des séquences filmées du quotidien des pêcheurs, juxtaposé à des images satellites retraçant les trajets maritimes des navires, puis à des images d’archives. Le passage mari6me des navires, suivies d’images d’archives, de scènes contemporaines d’un rivage déserté par sa popula6on et d’une industrie de la pêche épuisée. Les oeuvres incarnent à la fois la voix de l’océan et celles des communautés de pêcheurs, évoquant les espèces menacées, les confronta6ons marines entre bateaux, les mouvements migratoires et leurs conséquences.
. Peintures
Autour de cette installation, j’aimerais présenter des peintures réalisées à partir de matériaux récupérés : portes, volets de fenêtres, bois, pagnes, tex6les, gravures sur bois, etc… Ces assemblages hétéroclites afficheront des textes écrits, des références aux problématiques environnementales. Ces tableaux-architectures évoqueront les habitats et structures précaires que l’on trouve souvent sur le littoral, tant sénégalais que brésiliens, menacés par la montée constante des eaux. Cette composi6on ques6onne l’habitabilité du monde en situation de crise, dans des espaces menacés, voir transitoire. Entre témoignages poignants, espace récréatif et prise de position, l’objectif est de révéler la complexité politique, le poids économique et social d’une activité telle que la pêche, considérée comme anodine et inoffensive.
. Performance et activation public :
Pour la journée d’ouverture de la biennale, l’objectif serait de proposer une performance en lien avec l’œuvre Salesman of Revolt, un projet performatif conçu en 2018 à Mumbai en Inde. Dans cette première performance, je déambulais dans les rues portant des tours de livres sur la tête, évoquant les vendeurs ambulants de Dakar qui côtoient les espaces publics et les plages. Bien que certains d’entre eux soient analphabètes, les vendeurs-libraires vantent les mérites de ces œuvres poétiques et révolutionnaires importantes, distribuant des décennies d’héritage littéraire et intellectuel comme une forme d’activisme pacifique.
A Sao Paulo, j’aimerais réactiver cette performance à l’intérieur de l’exposition comme une invitation au public à prendre possession de cette production littéraire et à le diffuser à leur tour… Comment les ouvrages d’hier peuvent nous aider à faire face à des problématiques contemporaines ?