Maya Goded
Amérique du Nord
Maya Goded explore les liens entre la violence à l’égard des femmes, les questions environnementales et les droits territoriaux. Débutée en 2018, la série présentée, Healing, Earth and Body, poursuit cette mission avec des femmes du Mexique, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, dont elle dévoile les connaissances ancestrales en matière de guérison, de spiritualité et de protection des territoires. À l’avant-garde de la résistance face au progrès moderne et au consumérisme, ces femmes incarnent la lutte contre l’exploitation de la biodiversité de l’Amérique latine, s’efforçant de préserver leur culture et leur environnement. Le tout grâce à une vision holistique du monde qui considère que les humains et la nature ne font qu’un. Maya Goded a reçu de nombreux prix internationaux. Adapté en documentaire, son projet Plaza de la Soledad, qui illustre la vie des travailleuses du sexe à Mexico, a été présenté au festival du film de Sundance, et largement primé.
© Maya Goded, Healing, Earth and Body
J’ai proposé la candidature de Maya Goded pour le Prix de la Fondation Louis Roederer parce qu’elle conçoit sa pratique photographique comme un geste politique. Dès le début, Maya Goded a donné de la visibilité à des thèmes sociaux et à des préoccupations majeures de la société mexicaine – tels que les droits des femmes, la violence sexiste, les communautés afro-descendantes – qui, jusqu’à récemment, étaient principalement représentées en marge de la scène artistique.
À propos de la série
« Le projet Healing, Earth and Body, est né d’un voyage que j’ai entamé en 2018, cherchant à entrer en contact avec des femmes du Mexique, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud qui sont profondément enracinées dans leur géographie par le biais de connaissances ancestrales, de pratiques de guérison, de spiritualité et de défense de la terre.
Aujourd’hui, je ne peux envisager le féminisme sans un profond respect pour la Terre. Je m’attache à reconnaître que l’Homme fait partie de la vie sur notre planète, et qu’il n’en est pas le centre. Je cherche à saisir ces luttes où la guérison devient un acte à la fois personnel et communautaire, se transformant en une réponse politique et vitale à la violence. Ces femmes proposent des systèmes alternatifs à travers des expériences communautaires à petite échelle, s’efforçant de construire une réalité durable en harmonie avec l’environnement. Dans un monde dévasté par le soi-disant progrès moderne, qui justifie faussement un fossé entre les peuples traditionnels et civilisés, et poussé par l’avidité monétaire pour les territoires, l’exploitation des forêts, des lacs, des rivières, des animaux, des plantes et des personnes, ces femmes s’engagent dans une bataille quotidienne. Elles guérissent les blessures générationnelles infligées par cette guerre et protègent notre lien avec la terre.
Les femmes que j’ai côtoyées sont des médiatrices entre l’Homme et la nature, construisant une réalité différente où la durabilité locale assure une vie en harmonie avec l’environnement. Leurs gestes de guérison au niveau personnel et communautaire deviennent des actes de défi politique contre la violence qui saigne la planète. Cette logique de guerre cherche à diviser les communautés avancées de celles considérées comme arriérées, créant un conflit final entre le consumérisme effréné et l’ancienne alliance avec la nature.
L’Amérique latine, avec sa riche biodiversité, a toujours attiré l’attention des multinationales et aujourd’hui des groupes criminels organisés, désireux d’exploiter ses ressources naturelles. Cette situation a conduit à une violence généralisée. Cependant, les communautés indigènes et agricoles ont récupéré d’importantes superficies, préservant l’harmonie grâce à la résistance et à une vision du monde qui considère que les hommes, la nature et la terre ne font qu’un. Les femmes de ces communautés, en tant que gardiennes de la culture et défenseuses des ressources naturelles, sont devenues les chefs de file d’une conscience écologique qui contraste fortement avec la culture occidentalisée. Mon travail consiste à voyager et à utiliser principalement la photographie et la vidéo. Je mène également des entretiens avec les femmes avec lesquelles je travaille. Dans chaque village, j’intègre diverses formes de documentation : collecte d’objets, enregistrement de photos personnelles de la communauté et collecte de différents matériaux pour former l’œuvre finale. Tout ce matériel est compilé dans des carnets personnels, créant ainsi une riche tapisserie de leurs histoires et de leurs luttes. » – Maya Goded
Biographie
Récipiendaire de prix, de bourses et de reconnaissances à travers le monde, tels que : National Geographic Storytelling Fellow 2021-2022 (États-Unis), Prince Claus Fund (Amsterdam), J. Simon Guggenheim, Eugene Smith (tous deux à New York), Mother Jones Fund (San Francisco), Medalla al Mérito Fotográfico (Mexique), Sistema Nacional de Creadores de Artes (Mexique), Fotopres’01 de Fundación La Caixa (Espagne), y Master Class de World Press Photo (Amsterdam), entre autres.
Sa série photographique Plaza de la Soledad, un portrait de la vie des travailleuses du sexe à Mexico, a été, par la suite, transposée en un documentaire du même nom, puis présenté en première internationale au festival du film de Sundance et a remporté de nombreux prix, parmi lesquels : le Prix spécial du jury au Festival del Nuevo Cine Iberoamericano (La Havane, Cuba), la meilleure réalisation au Festival Cinema Tropical (New York, États-Unis), le meilleur documentaire au Festival international du film de Guanajuato (Mexique), des nominations aux Ariels du meilleur documentaire long métrage, Opera Prima, Edition et Musique (Mexique) ; le Prix OCELOT du meilleur documentaire (Tucson, États-Unis), et le Prix du public au Festival de los Derechos Humanos (Argentine).