
© Ana Elisa Sotelo & Sadith Silvano, Petition to the plant spirits, Portraits of the Multiverse
THINKING SUSTAINABILITY*
*Penser le développement durable
Thinking Sustainability est un programme audacieux créé en 2024 par Audrey Bazin, directrice artistique de la Fondation Louis Roederer, et conçu pour répondre aux changements perpétuels des perspectives et des situations liées au développement durable.
Ce programme international s’articule autour de deux grands axes :
– Le Thinking Sustainability Prize, qui récompense un ou une photographe qui s’empare d’une problématique liée au développement durable, par le prisme des sciences naturelles ou celui des sciences humaines.
– Le volet Thinking Sustainability Research, qui rassemble une sélection de textes de penseurs et de chercheurs du monde entier que la Fondation a invités à écrire sur le sujet de leur choix.
Ces travaux photographiques et de recherches fascinants, offerts en accès libre, sont réalisés à travers le monde par des personnes engagées dans une meilleure compréhension des enjeux environnementaux et sociaux. Grâce à leur expertise, ces acteurs nous offrent des clés de réflexion et ouvrent la voie à des changements possibles, qu’ils relèvent des sciences naturelles ou humaines.
Pour garantir la diversité des points de vue, chaque édition de Thinking Sustainability renouvelle entièrement les rapporteurs, les membres du jury du Prix photographique, ainsi que les penseurs et scientifiques pour la partie Recherche. Tous, sélectionnés pour la singularité de leur voix et de leur regard, apportent des perspectives inédites, souvent distinctes de celles habituellement mises en avant. Ces voix, émergentes ou reconnues, disposent d’une liberté totale pour aborder le sujet de leur choix, proposer un photographe à défendre, ou voter pour le travail qu’ils et elles souhaitent soutenir. Ainsi découvre-t-on des regards photographiques très divers et des textes profondément inspirés. La Fondation Louis Roederer est fière de ces cartes blanches, garantes d’expressions libres et visionnaires.
L’objectif : participer à une réflexion approfondie sur le développement durable, en proposant des clés de raisonnement à toute personne curieuse et soucieuse de mieux en comprendre les enjeux à grande échelle.
© Mónica de Miranda, Whistle for the wind, The Island
Conversation avec Audrey Bazin,
Directrice artistique de la Fondation Louis Roederer
Audrey Bazin
© gkayacan
Vous lancez le programme Thinking Sustainability.
Quel esprit a présidé à sa création ?
Un Prix de photographie lié au développement durable existe depuis 2021, mais j’ai souhaité le repenser en créant un programme beaucoup plus vaste, à la mesure de l’engagement historique de la Maison Louis Roederer dans la préservation de la biodiversité et, de ce fait, de la Fondation. Ce programme international se veut sincère et exigeant. Il s’articule autour de deux grands axes :
– Le Thinking Sustainability Prize récompense un ou une photographe qui s’empare d’une problématique liée au développement durable, par le prisme des sciences naturelles ou celui des sciences humaines.
– Le volet recherche, Thinking Sustainability Research, rassemble une sélection de textes de penseurs et de chercheurs du monde entier à qui la Fondation a offert une carte blanche.
L’objectif : participer à une réflexion approfondie sur le développement durable, en proposant des clés de raisonnement à toute personne curieuse et soucieuse de mieux en comprendre les enjeux à grande échelle.
Comment s’organise le Prix photo, le Thinking Sustainability Prize ?
J’ai passé de longs mois à réunir un jury et à sélectionner des rapporteurs différents des prix habituels. Je souhaitais des voix nouvelles tout autant que des voix référentes. Le jury – qui devait obligatoirement s’intéresser à la question du développement durable – est constitué de personnalités françaises et étrangères, des experts de la photographie mais aussi une poétesse, un philosophe, une artiste multidisciplinaire, des directeurs et directrices d’institutions, afin de bénéficier d’un regard croisé sur les propositions des candidats.
Les rapporteurs, expertes et experts en photographie, devaient représenter tous les continents (l’Amérique étant subdivisée en deux : Nord et Sud). Tous devaient être originaires du continent qu’ils représentaient ou y résider depuis au moins cinq ans, afin de garantir une connaissance approfondie de l’écosystème culturel local. Chacune et chacun avait trois mois pour sélectionner trois photographes originaires du continent qu’ils représentaient (ou qui y résidaient depuis au moins cinq ans) afin de porter un regard réfléchi sur le développement durable précisément sur leur région.
Le jury avait ensuite trois mois pour explorer et étudier les 54 candidatures. Chaque membre a voté pour son artiste préféré(e) par continent, puis pour son ou sa lauréate parmi les 6 finalistes.
La dotation pour le lauréat ou la lauréate est fixée à 8 000 euros. Sa série de photos sera accompagnée d’un texte critique rédigé par un historien ou une historienne de l’art provenant du même continent que le ou la photographe.
La cérémonie de remise du prix a eu lieu en novembre 2024 à Paris, dans un lieu que j’affectionne particulièrement, épicentre de la création et de la réflexion : l’Institute for Ideas & Imagination.
Qu’en est-il de ce pôle de recherche international, Thinking Sustainability Research ?
Le développement durable que nous imaginons est lié à notre expérience, forcément locale. Ce n’est pas celui que l’on vit au Brésil, au Sénégal, en Inde, en Australie ou au Japon. J’ai donc proposé à des chercheuses et chercheurs d’écrire sur le sujet en choisissant un ou une représentante ou un représentant par continent. Tous ont eu carte blanche.
Un texte de Barbara Cassin, de l’Académie française, sur la notion de Cosmos, introduira ce volet Recherche. J’ai aussi invité la scientifique brésilienne Patrícia Muniz de Medeiros à présenter ses recherches sur les nouveaux produits alimentaires respectueux de l’écosystème et offrant aux agriculteurs des conditions de vie décentes ; l’architecte sénégalaise Nzinga Biegueng Mboup à partager ses réflexions et ses réalisations en matière de construction bioclimatiques ; ou encore le dramaturge allemand Tobias Rausch à parler de la représentation de l’écologie dans le théâtre pour recréer du lien entre nous et la nature par le biais des arts. J’aimerais vous parler aussi de tous les autres textes tant ils sont passionnants !
La Fondation, fidèle à sa vocation de transmission de connaissances, souhaitait publier l’ensemble des textes et des projets photographiques des finalistes sur ce site internet dédié. Rendre l’intégralité du programme Thinking Sustainability disponible en accès libre permet d’offrir ces réflexions sur le développement durable au plus grand nombre.
Cet ambitieux programme a-t-il vocation à être pérenne ?
Ce projet a évidemment été pensé sur le long terme. Il se devra d’être en perpétuel développement à l’image de la pensée, toujours en mouvement.